Ce 23 mai 2023 s’est tenue à la salle du Faubourg, l’assemblée générale ordinaire de la SPG en présence de 175 membres qui ont eu l’opportunité de participer en direct ou de loin. Geneviève Preti, présidente du Cartel intersyndical, et David Rey, président du SER, ont honoré l’assemblée de leur présence.
Ce moment traditionnel et chargé symboliquement de la vie de notre association a permis de présenter le rapport d’activité, les comptes et le projet de budget tout en revenant sur cette fin de législature pour le moins mouvementée de la désormais ex-conseillère d’État, Anne Emery Torracinta. Il aura également permis de renouveler le comité et la présidence pour les deux prochaines années. J’ai donc le plaisir de poursuivre la tâche qui m’est confiée depuis maintenant près de cinq ans aux côtés de Sonia Slama, Chloé Thabuis Leboucher, Corneel Mertens, Romain Iantorno, Céline Mazzon et Olivier Hinderberger. Je tiens ici à renouveler les remerciements adressés en séance à ce comité soudé et loyal sans lequel je ne pourrais assurer la présidence de la SPG. J’aimerais adresser une mention spéciale également à Loïc Vagneux qui a assuré avec brio et précision la comptabilité, ainsi qu’au secrétariat en les personnes de Marie-Carmen Gastesi, notre secrétaire comptable, et Gaëtan Bhend, notre secrétaire chargé de communication sans qui la SPG ne tournerait tout simplement pas. Je suis fière de la confiance qui m’a été accordée et m’engage au quotidien à en être digne.
Malheureusement lors de cette assemblée, il m’a fallu constater que le désengagement des membres observé depuis 2017, s’il ne s’accentue pas, se poursuit irrémissiblement. Désengagement du nombre de membres d’une part, mais également des membres dans la vie associative. Notre nombre de membres, bien qu’il semble s’être stabilisé après le nombre conséquent de démissions entre 2016 et 2018, continue à diminuer non pas de manière significative, mais néanmoins régulière. Selon l’analyse du comité, cette diminution est liée au fait que nous ne parvenons pas à combler les départs à la retraite en recrutant de nouveaux membres, surtout parmi les EPP. Il semble que les nouvelles et nouveaux engagé·es adhèrent moins à la SPG par principe qu’en cas de difficultés avec la hiérarchie, notamment dans le cadre de leur EEDP, quand leur nomination est remise en question ou qu’il est envisagé de prolonger leur période probatoire, voire de mettre fin aux rapports de service. Si le comité explore des pistes pour visibiliser la SPG auprès des étudiant·es de l’ADEFEP et des EPP, un important travail d’information, voire de recrutement ou de cooptation doit être opéré par les membres dans les écoles afin de faire vivre la SPG. L’enjeu est de faire comprendre que la SPG n’est pas uniquement un syndicat qui offre un service en cas de problème, mais avant tout et surtout un système associatif et solidaire qui doit permettre de porter la voix des enseignant·es de l’école primaire et de l’enseignement spécialisé dans les médias, ainsi qu’auprès de nos partenaires (DGEO, DGOMP, DIP, Cartel, SER). La SPG doit redevenir l’espace de débat pédagogique institué permettant aux enseignant·es d’être les acteurs et actrices de leur professionnalisation. Ces dernièr·es ne sont pas contraint·es de subir leurs conditions de travail qui deviennent de plus en plus difficiles, mais peuvent développer un vrai pouvoir d’action à condition d’investir les instances dédiées. Tant au niveau romand qu’au niveau genevois, la SPG est une association qui représente encore beaucoup de membres et qui a le pouvoir potentiel de peser lourd dans les décisions syndicales et associatives. La SPG reste, malgré les observations statistiques émises plus haut, particulièrement forte et représentative, tant au niveau du nombre de membres que de la proportion des enseignant·es adhérant·es. Ainsi, aujourd’hui, il revient aux membres de s’engager davantage en participant notamment aux AD du Cartel et du SER, mais surtout en renforçant les instances exécutives de la SPG, à savoir le comité et le bureau de l’AD. Ces dernières ont besoin d’être renouvelées régulièrement pour ne pas épuiser celles et ceux qui s’engagent. Je profite également de ce message pour remercier Cécile Gilliéron et Tiffany Evéquoz qui ont mené de main de maitresses les AD de la SPG et qui cèdent les rênes à Carine Roberts-Baudet, Marpessa Magnin et Sandrine Garilli, que je remercie également pour leur engagement et avec qui je me réjouis de collaborer. Un petit mot de remerciement également pour Stéphane Forel qui a pris tous les PV de nos AD cette année.
Les demandes augmentent
Lors de cette assemblée générale, il m’a finalement paru important de souligner que de l’engagement des membres dépendaient directement les projets et les dossiers que la SPG pouvait déployer et porter. Contrainte de fonctionner avec un comité considérablement réduit depuis plusieurs années, la SPG a opté pour un renforcement de son secrétariat en augmentant son taux et sera peut-être obligée l’année prochaine d’externaliser la comptabilité en la confiant à une fiduciaire. Les demandes de soutien des collègues ne cessent d’augmenter, les situations se complexifient et se prolongent dans le temps, les dossiers à traiter ainsi que les projets à développer, notamment de formation, sont nombreux et contraignent actuellement le comité à établir des priorités et émettre des choix.
De la force d’opposition à la force de proposition
Malgré toutes les difficultés énoncées dans un contexte où le partenariat social a été particulièrement malmené et dans lequel les espaces de discussions ont progressivement disparu pour être remplacés par des séances d’information ou des consultations de façade, la SPG a montré que son pouvoir d’opposition demeurait intact, notamment dans le cadre d’EP21 et de la saisie des épreuves cantonales. Si le projet EP21 se déploie dans les écoles et que la DGEO avance dans ce dossier à un rythme particulièrement soutenu, c’est uniquement parce que la SPG ne s’y oppose pas. En effet, il est bon de rappeler que lorsque la conseillère d’État a voulu troquer les avancées pédagogiques que la SPG revendiquait, telle que la note unique de français et la semestrialisation de l’évaluation contre une période d’enseignement supplémentaire, la SPG s’y est opposée fermement, malgré l’insistance du département à remettre cet objet sur la table plusieurs années consécutives.
Une expertise du terrain à faire valoir
En ce qui concerne la saisie des résultats des épreuves cantonales, le boycott voté l’année dernière en AG a été doublement légitimé par la DGEO, qui n’a pu sanctionner les enseignantes l’ayant suivi et qui s’est vue dans l’obligation de confier cette tâche à des étudiant·es cette année. Nous l’avons constaté, cette lutte n’était pas facile à mener, car elle ne concernait chaque année que peu de collègues, pourtant notre analyse était correcte et la DGEO, grâce à notre force d’opposition, a été contrainte de l’admettre. Cet épisode, bien qu’il puisse paraitre anecdotique, montre que nous ne sommes pas contraint·es d’exécuter aveuglément toutes les consignes de la hiérarchie et que nous pouvons — que nous devons — maintenir notre posture professionnelle, rester critique sur l’évolution de notre profession pour ne pas laisser les autorités nous confiner au rôle de simples exécutant·es. Il relève de notre responsabilité de faire valoir notre expertise du terrain pour peser dans les décisions qui doivent absolument être prises ces prochaines années, pour faire face aux crises démocratiques et environnementales qui nous attendent. L’école est le lieu par excellence où les changements nécessaires de notre société doivent être pensés. Il ne tient donc qu’à nous de reprendre le pouvoir auquel certain·es semblent avoir renoncé, d’empêcher les autorités scolaires et les gouvernements de nous déposséder de notre profession, de nous le réapproprier, instituer de vrais débats, imposer les enjeux qui nous préoccupent dans l’espace public pour ne plus se contenter d’être force d’opposition, mais pour retrouver notre rôle historique de force de proposition, afin que nous n’ayons plus à opérer des choix pour être à la hauteur de nos ambitions.
Francesca Marchesini, présidente de la SPG
Paru dans l’Éducateur, juin 2023